Voici une vidéo qui résume les 2 pages assez longues et détaillées que j’ai préparé sur le site. Désolé, un petit bug dans la vidéo vers 6:30 et qui ne dure que quelques secondes…
Les autres vidéos mentionnées :
- Arroser les graines
- Scarifier une grosse graine (d’hibiscus pour notre exemple)
- Rempoter les plantules en godets
Les deux articles qui couvrent tous ces détails sous format écrit :
Transcription :
Bonjour, c’est Christophe du Jardin des Médicinales. Dans cette vidéo, je vous propose de faire un grand tour d’horizon des différentes méthodes que j’utilise pour faire germer les graines. Cela fait plusieurs années que je sème chaque année de nombreux types de graines. Je n’aurai pas la prétention de vous dire que j’ai la recette miracle, ou que ça marche à tous les coups. Au contraire, je fais toujours des erreurs, mais au plus j’avance, et au plus mes taux de germination sont élevés. Je vous propose donc de passer en revue tous les gestes essentiels pour réussir les semis. On va se concentrer sur les plantes médicinales, mais vous pouvez utiliser ces mêmes méthodes pour faire germer n’importe quel type de graines : potagères, décoratives, sauvages ou autres.
Alors, d’abord, on les sème quand ces graines ? A quel moment de l’année ? Et bien on va les semer principalement au printemps. Il y a une petite exception à cette règle et on va la voir plus tard, c’est pour les graines qui demandent une stratification à froid. Vous avez donc quelques bons mois pour faire les semis. Chez moi, l’idéal c’est mars et avril, en mai il commence déjà à faire un peu chaud. Chez vous ça sera peut-être avril-mai ou mai-juin en fonction de votre latitude. Attendez après les dernières gelées mais n’attendez pas trop non plus. J’ai remarqué que lorsque les nuits sont toujours un peu fraiches et que les journées sont douces mais pas trop chaudes, les graines germent mieux. Si vous attendez trop, le soleil risque d’être trop fort, les températures trop hautes, ce qui peut littéralement griller la surface de votre terreau. Les graines n’aiment pas ça du tout.
On va maintenant parler du terreau, sujet très important. Je vous conseille vivement de ne pas faire d’économies sur le terreau. Achetez un terreau spécial semis, de préférence de qualité bio pour éviter de vous retrouver avec des pesticides dans vos bacs de semis. Surtout sachant qu’on va consommer ces plantes à un moment ou à un autre sous forme de teinture, d’infusion ou autre.
- Un bon terreau pour semis doit être fin pour bien enrober la graine qui pourrait se retrouver coincée sous un gros débris si vous achetez un terreau grossier.
- Ensuite un bon terreau doit fournir un bon compromis entre drainage et rétention d’eau. S’il retient trop l’eau, la graine peut pourrir. Sinon, la graine peut sécher trop vite.
Demandez tout simplement conseil au vendeur dans votre jardinerie ou mieux, faites le tour des pépiniéristes et demandez ce qu’ils utilisent. C’est ce que j’ai fait pour trouver mon terreau, j’ai fait le tour des jardineries, des coopératives agricoles, j’ai parlé avec des producteurs de plantes et on m’a recommandé un bon terreau qui m’a toujours donné satisfaction.
Sur mon site, je vous conseille de rajouter un peu de sable à votre terreau. Pourquoi ? Et bien parce qu’un peu de sable permet d’obtenir un meilleur drainage. Ceci peut vous permettre d’éviter une fonte des semis du à une stagnation trop importante d’eau dans vos bacs. Je trouve que ça rajoute une petite assurance pour le jardinier débutant. Par contre, il faudra arroser plus souvent. Et oui parce que l’eau va moins rester. Si vous n’êtes pas sur de pouvoir faire la tournée de vos bacs de plantation au moins 2 fois par jour lorsqu’il fait chaud, ne rajoutez pas de sable, cela vaudra mieux que de laisser sécher vos bacs. Si vous utilisez du sable, je vous conseille de mettre 1 petite poignée de sable pour 5 ou 6 grosses poignées de terreau. Préparez votre mélange dans un seau, mélangez bien uniformément, et vous êtes prêt à remplir vos bacs.
On parle maintenant des contenants. Dans quoi allez-vous semer vos graines ? Tout d’abord, s’il vous plait, laissez tomber les pot de yaourt, les boites à œufs et les autres petits contenants de ce type. Je suis à 100% pour la récup, mais ces petits pots sèchent trop vite. Il vous faut un gros contenant afin de fournir un bon volume de terre. Voici ce que j’utilise le plus souvent, une caissette en bois ou en plastique de récup dans laquelle je mets un morceau de sac de terreau que j’ai découpé afin de retenir la terre dans ma caissette. Ensuite je vais remplir de mon mélange terreau et un peu de sable et je vais bien tasser. A ce moment là, je vais arroser une première fois pour bien humidifier ma terre. Voilà. Ensuite je tasse une première fois avec une brique. Je vais maintenant diviser ma caissette en plusieurs zones de plantation en fonction de mes besoins. Si je veux planter une vingtaine ou une trentaine de graines, diviser en 4 avec des baguettes de bois ou autre sera suffisant. Voilà, maintenant je suis prêt à semer.
Vous vous posez peut-être la question suivante : pourquoi ne pas semer en plein terre ? Si les graines sont grosses, graines de souci, de fenugrec, de bardane, de chardon-marie, etc. – c’est tout à fait possible. Mais attention, au printemps toutes les plantes du jardin vont germer, vos graines, et les graines des autres plantes sauvages du jardin. Il faudra parfois faire un petit ménage si vous ne voulez pas étouffer vos plantules, et là, il faut reconnaître la plantule en question qui n’a parfois rien à voir d’un point de vue apparence avec la plante mature. De plus, vous avez les oiseaux qui peuvent manger vos graines, les chats qui peuvent venir gratter, une forte pluie qui peut déloger vos graines, etc. Bref, vous l’avez compris, je vous recommande de planter dans un environnement contrôlé, le bac de plantation.
Autre question importante, où placer les bacs pour faire germer vos plantes ? Personnellement, j’utilise la lumière directe dans ma serre en mars et début avril, et remarquez que la lumière est déjà bien filtrée par la bâche. Ensuite, je place des voiles d’ombrage pour éviter le soleil direct lorsqu’il commence à faire chaud. Chez vous, vous pouvez utiliser le rebord d’une fenêtre avec une bonne lumière mais attention s’il y a soleil direct trop souvent, ça peut sécher le terreau trop vite. Vous pouvez utiliser une véranda si vous en avez une, c’est idéal. Vous pouvez aussi acheter une petite serre portable qui va retenir l’humidité et maintenir de bonnes températures en particulier en début de printemps, ce n’est pas bien cher en jardinerie. Donc vous l’avez compris, peu importe le lieu, le tout est de trouver un bon compromis entre de la lumière et une température douce pendant la journée, mais pas trop de soleil direct non plus sous peine d’assécher votre bac trop vite. Il faudra surveiller les bacs régulièrement.
On passe maintenant aux différentes méthodes que vous allez utiliser pour optimiser la germination des graines. Et là, je vais faire une parenthèse pour les plantes médicinales. Ce sont des graines de plantes sauvages. Elles n’ont pas été sélectionnées au fil des générations pour une germination maximale. Les annuelles et les bisannuelles, en général, vont très bien germer. C’est le cas du basilic sacré, du pavot de Californie, du souci, de la bardane, du chardon marie, etc. Par contre, dès qu’on passe aux vivaces, là il faut souvent faire preuve d’ingéniosité afin de contourner les méthodes que la nature a mis en place pour ralentir la germination. Pourquoi ralentir les choses, et bien pour s’assurer que l’on va répartir la germination sur plusieurs années et minimiser les pertes des individus. Si toutes les graines germent ce printemps et que l’hiver prochain est particulièrement rude, la plante risque de perdre toute sa progéniture.
Voici les méthodes de germination que nous allons utiliser :
- D’abord ce que j’appelle la méthode de base. On sème, on recouvre légèrement de terre, on tasse, on arrose et on attend.
- Ensuite, on va parler de stratification à froid.
- Ensuite on va parler de germination à la lumière
- Et on finira par la scarification.
Je vous rappelle que sur mon site, vous trouverez pour toutes mes graines le type de méthode à employer.
On s’entraine tout d’abord sur la méthode de base. On va prendre des petites graines, des graines d’hysope, les voici. Mon terreau a été tassé et il est humide. Je vais tout simplement griffer légèrement mon terreau avec mes doigts, puis saupoudrer ces graines le plus uniformément possible sur mon petit carré. Ensuite je tasse avec ma brique. Puis je place une petite étiquette avec le nom, puis je note la date de semis dans mon carnet afin de savoir combien de jour il faudra pour que les premières graines germent, c’est toujours bon d’avoir l’information d’une année sur l’autre. Et enfin j’arrose au vaporisateur. Je vous ai fait une petite vidéo sur l’arrosage d’ailleurs, je vous conseille de la regarder.
Lorsque mes graines sont grosses, je vais utiliser directement un godet. Cela va m’économiser du travail plus tard car je n’aurai pas à repiquer. D’ailleurs, je vous ai fait une vidéo sur le repiquage en godet, c’est une vidéo un petit peu vieille, l’une de mes premières, donc soyez indulgent, je n’avais pas encore l’habitude de me faire filmer. Retour à nos godets. On va prendre des graines de bardane par exemple comme celles-ci, je prend un godet que j’ai au préalablement mouillé à l’arrosoir, puis je fais un petit trou, pas très profond non plus, on n’est pas en train de planter des fèves, puis je recouvre de terre. J’arrose ensuite au vaporisateur, puis une fois germé je vais arroser tout simplement à l’arrosoir.
Parlons maintenant de stratification à froid. Certaines graines ont besoin du passage du froid pour germer. Ce qui ne veut pas dire qu’elles ne vont pas germer s’il n’y a pas une période de froid, juste que ça germera moins. C’est le cas de l’échinacée, de la brunelle ou de la verveine officinale par exemple. On peut soit les semer à l’automne dans un bac de plantation à l’extérieur et laisser faire le passage du froid, il faudra arroser le bac de plantation de temps en temps et le protéger des intempéries. Pour faire plus simple, on va utiliser le réfrigérateur. Voici comment faire. Il vous faudra une petite passoire de cuisine. Vérifiez d’abord que les graines ne passent pas au travers de la passoire. Ensuite, vous allez tamiser un peu de sable. Vous l’humidifiez, il ne faut pas le détremper juste l’humidifier. Ensuite vous placez ce sable dans un sac plastique et vous placez les graines à l’intérieur, ici je vais mettre des graines d’échinacée par exemple. Puis je vais placer ce petit sac au réfrigérateur pendant en général 3 à 4 semaines. Regardez de temps en temps pour voir si les graines n’ont pas germé dans le sac. Si c’est le cas il faudra les planter tout de suite. Sinon vous attendez. Au bout de 3 à 4 semaines, vous placez le sable et les graines dans la petite passoire, puis vous l’immergez dans de l’eau et regardez, le sable traverse et les graines restent ! Il ne vous restera plus qu’à planter les graines en utilisant la méthode de base dans la plupart des cas.
Certaines graines ont besoin de lumière pour germer. Ceci signifie que si vous recouvrez les graines de terre, elles ne vont pas germer de manière optimale. C’est le cas du bouillon blanc, de la bourse à pasteur ou du millepertuis par exemple. Vous allez humidifier et tasser le terreau une première fois, et là vous n’allez pas griffer le terreau comme pour la méthode de base, vous allez saupoudrer directement les graines, puis tasser à nouveau et vous n’allez pas les recouvrir de terre, on peut les voir à la surface. Ensuite vous gardez votre bac dans un endroit lumineux mais pas forcément avec le soleil direct comme je vous ai expliqué, à vous de voir, si le soleil est doux pas de problème, s’il est trop fort votre terreau risque de griller et vos graines aussi. Chez moi, je préfère garder mes bacs avec une exposition indirecte.
Dernière méthode, c’est la scarification. Certaines graines ont une enveloppe tellement dure que l’eau ne peut pas y pénétrer facilement. On va donc casser délicatement cette enveloppe par endroits afin d’à peine exposer la partie blanche de la graine qui se trouve en dessous. C’est une méthode utile et nécessaire pour les graines d’astragale de chine, d’hibiscus ou de réglisse par exemple. Vous avez plusieurs manières de procéder. Si vous avez une grosse graine comme la graine d’hibiscus, vous allez tout simplement la prendre entre votre pouce et votre index et entailler la graine au cutter, attention aux doigts, je vous ai fait une petite vidéo séparée sur ce sujet. Si la graine est de taille moyenne, comme la graine d’astragale de chine, j’essaye de l’attraper à la pince à épiler puis je la pince fermement, et je vais frotter la graine sur du papier verre à grain fin. C’est très laborieux je vous préviens tout de suite. Si vous n’arrivez pas à attraper la graine à la pince à épiler ou au doigt et qu’elle est trop petite, c’est le cas de la graine de cataire par exemple, vous allez utiliser deux feuilles de papier verre, vous placez vos graines entre les deux, et vous effectuez un mouvement de rotation comme ceci. . Là encore c’est très laborieux et on ne voit pas exactement si la scarification est réussie ou pas. Donc ce que je vous conseille de faire, c’est de garder une partie des graines de côté et de ne pas les scarifier, au cas où la scarification endommage les graines.
Une fois les graines scarifiées, vous allez les laisser tremper dans un verre d’eau toute une nuit et les planter le lendemain en utilisant en général la méthode de base.
Voilà qui met fin à cette vidéo qui résume mes expérimentations avec les graines, j’espère que vous l’avez trouvée utile. Le message de fin, c’est le suivant : soyez patient avec les graines de plantes sauvages, cela ne fonctionne pas à tous les coups hélas, et parfois c’est plutôt long, n’abandonnez pas au bout de 2 semaines, gardez vos bacs et continuez de les arroser pendant tous les mois du printemps, qui sait, ça finira peut être par germer. Merci d’avoir écouté, sur ce je vous dis à très bientôt au jardin !