Comment semer et réussir ses semis ?
>> Avez-vous regardé la vidéo sur réussir les semis ici ? <<
Faire germer les graines en général et les graines médicinales en particulier, est souvent facile. Mais il faut au moins connaître quelques méthodes de base qui facilitent la vie du jardinier du dimanche. Dans cette première partie, nous expliquons les méthodes simples à connaître qui vous faciliteront grandement la vie et amélioreront énormément vos résultats. Dans la deuxième partie, nous discuterons des méthodes avancées de germination. Nous aborderons les stratifications à froid, les scarifications de la graine, la germination par le feu, par la chaleur ou par la lumière.
Cette première partie comprend :
- Germination dans le milieu naturel
- Les plantes annuelles
- Les plantes vivaces
- Faire germer les graines : méthode de base
- L’environnement qui fait germer
- Semer en pleine terre
- Semer à l’extérieur en godet ou en bac
- Semer à l’intérieur en godet ou en bac
- Le terreau : le support nécessaire à bien choisir
- Le drainage du sol – Un impératif à ne pas négliger
- Comment et combien arroser ?
- Comment semer pour optimiser le résultat ?
- Faut-il faire tremper les graines avant de les semer ?
- Faire germer les graines avant de semer : méthodes avancées
Germination dans le milieu naturel
Le jardinier est souvent pressé. Il a son cahier des charges à respecter. Il a planifié l’introduction de nouvelles espèces dans son jardin pour le printemps prochain, et il a bien l’intention de s’y tenir. Dans le milieu naturel par contre, les choses se déroulent sur une échelle de temps qui est beaucoup plus longue, surtout pour les vivaces.
Les plantes annuelles
En général elles germent rapidement et facilement. Les « annuelles » n’ont qu’une année pour s’épanouir et se reproduire. Elles s’en donnent donc à cœur joie, germent avec passion et sans restriction, à condition que la graine ne soit pas trop vieille et que les conditions soient adéquates.
Les plantes vivaces
Les vivaces, elles, prennent leur temps. Leur vie sera plus longue, elles devront affronter la rudesse des saisons, de l’hiver en particulier, et donneront naissance à de nombreuses générations de nouvelles plantes. La plante va donc s’assurer que toutes ses graines ne germent pas en même temps, la même année. Certains printemps seront plus cléments que d’autres, et tout miser sur le printemps qui arrive ne serait pas optimal pour la survie de l’espèce. Ceci assurera aussi une meilleure propagation géographique de l’espèce loin de la plante mère.
Les vivaces vont donc « introduire » dans leurs graines des substances qui vont ralentir leur germination. Certaines substances auront besoin d’humidité et de froid soutenu pour être éliminées et permettre à la graine de germer. D’autres graines devront subir de petits dommages à la couche externe de leur graine afin que l’humidité puisse pénétrer et réveiller la graine.
La 2ème partie de cet article passera en revue ces méthodes et astuces pour éliminer les substances anti-germination plus vite, et assurer une germination optimale.
Les fiches individuelles de culture de chaque plante médicinale introduite sur ce site vous donnera les détails nécessaires pour choisir la bonne méthode.
Sortie de la lycope (Lycopus europaeus) au printemps
Faire germer les graines : méthode de base
En règle générale, faire germer les graines demande la mise en place des 4 paramètres suivants :
- un bon environnement (lieu, température et contenant)
- un bon terreau
- une bonne préparation (mise en terre des graines)
- un bon arrosage
Voyons ces 4 points plus en détails.
L’environnement qui fait germer
Où allez-vous placer vos graines pour les faire germer ? C’est une question qui se pose avant de semer, car le résultat peut être catastrophique.
Vous avez plusieurs choix: semer en pleine terre, semer en godets à l’extérieur et semer en godet mais à l’intérieur. Que choisir ?
Semer en pleine terre
Assurez vous que votre bande de plantation soit relativement dénuée d’herbes. Préparez la bande soigneusement, en enlevant chiendent et autres racines de vivaces. N’oubliez pas qu’au début, vous ne savez pas à quoi les plantules ressemblent. Si l’endroit est mal nettoyé, vous risquez l’étouffement des jeunes pousses au profit des herbes locales, et vous ne pourrez pas différencier les deux.
Comme nous le verrons plus tard, cette méthode est la meilleure pour développer un plan robuste plus rapidement. Par contre, ce n’est pas la meilleure pour débuter.
Semer à l’extérieur en godet ou en bac
Comme nous allons le voir dans la deuxième partie de cet article, certaines graines auront besoin du passage du froid. Laisser les graines à l’extérieur est une méthode testée et approuvée. Par contre, méfiez vous des oiseaux qui pourront venir manger vos graines, des animaux qui viendront fouiner dans vos bacs, des insectes qui viendront déposer leurs larves (qui peuvent endommager les plantules). De plus, maintenir le bon taux d’humidité est parfois difficile à l’air libre (évaporation de l’eau, exposition au soleil et au vent, etc).
Cette méthode n’est pas la meilleure pour débuter non plus.
Semer à l’intérieur en godet ou en bac
Vous m’avez compris, pour faire germer les graines d’une manière simple, mieux vaut créer un environnement contrôlé. Le rebord ensoleillé d’une fenêtre est fonctionnel pour travailler à une petite échelle. Une petite serre d’extérieur placée dans un endroit abrité peut aussi s’avérer très pratique. La serre permet de garder un environnement protégé des animaux, avec un terreau qui ne va pas sécher trop vite. Par contre, assurez vous que l’endroit reçoive au moins 4 à 5 heures de soleil par jour.
Dans un autre article, nous discuterons du matériel nécessaire pour faire germer les graines en détails : types de godets ou bacs, serres portatives, tamis, outils, etc.
En attendant, je vous conseille d’utiliser des godets si vous avez une petite quantité de graines à planter, disons une trentaine, en mettant deux ou trois graines par godets pour vous assurer qu’au moins une graine germe. Les godets individuels vous font gagner du temps plus tard par rapport au bac, car vous n’aurez pas à transplanter chaque plantule vers un godet individuel – ceci sera déjà accompli.
J’utilise généralement des godets en plastique noir de taille 9x9x20 que j’achète en cartons à la jardinerie locale.
Je vous déconseille fortement l’utilisation de contenants plus petits : pots de yaourt, boite d’oeuf, etc. Le volume de terreau n’est pas suffisant pour retenir assez d’humidité afin de faire germer les graines d’une manière optimale.
Si vous avez une plus grande quantité de graines à semer, disons à partir de 100, ou si les graines sont très petites (ex : bouillon blanc, lobelia, millepertuis), il faudra les semer dans un bac, car séparer chaque graine est difficile.
Pour mes bacs, j’utilise des caisses en bois ou en plastique de tailles diverses (ex : 50x30x20 cm). Je tapisse ensuite l’intérieur de la caisse de morceaux de plastique découpés dans des vieux sacs de terreau afin de bien retenir la terre.
Le terreau : le support nécessaire à bien choisir
Je me souviens de mon excitation le premier printemps où j’ai commencé mes plantations…
Les paquets de graines étaient tous arrivées par courrier, bien alignés sur la table de jardin. Une série de bacs et godets flambant neufs venaient juste d’être déballés.
Ma mission ce matin là était de préparer le meilleur terreau de plantation possible. Je me rendis donc dans le sous-bois local riche en humus pour en remplir quelques seaux. Je le tamisai ensuite pour obtenir un joli terreau fin et uniforme.
Or, en tamisant cette bonne terre, j’introduisis aussi sans m’en rendre compte une grande quantité de graines autochtones qui finirent dans mes bacs. Certains les appellent « mauvaises herbes ». Il s’avère qu’elles étaient là avant que je décide de planter « les bonnes ».
Quelques semaines plus tard, une myriade de plantules mystérieuses commencèrent à pousser et à envahir mes bacs. Je cherchai en vain sur internet des photos de plantules d’anémone pulsatille, de solidage, d’épilobe en vue d’identification. Je finis par arracher beaucoup de « bonnes herbes » pour laisser énormément de « mauvaises » en place.
La morale de cette histoire : si vous débutez, achetez un terreau de plantation fertile et de bonne qualité. Demandez conseil à votre jardinerie locale. Plus tard, lorsque vous aurez accumulé une certaine expérience, nous verrons comment fabriquer nos propres mélanges de terreaux adaptés à différentes situations (plantes du désert, plantes des forêts, etc).
L’exception à cette règle : lorsque la plante a besoin d’un environnement déjà imprégné d’une certaine flore bactérienne du sol. Car le sol est vivant, et certaines graines ont besoin de cette symbiose. Un sol non-stérile est nécessaire pour faire germer certaines plantes des forêts profondes, comme les plantes de la famille des Araliacées (les ginsengs par exemple). Nous en reparlerons en temps voulu.
Le drainage du sol – Un impératif à ne pas négliger
En général, pour bien faire germer les graines, il faut un sol bien drainé. Lorsque l’eau s’infiltre au travers du sol, les graines se gonflent au passage et retiennent une partie de cette eau. Mais le reste doit s’écouler rapidement, car trop de stagnation d’eau amène moisissures et champignons, et donc parfois une « fonte des semis » (disparition des graines).
Pour accomplir un bon drainage, je mélange en général :
– 5 quantités de terreau
– 1 quantité de sable grossier, pas trop fin (sable de maçonnerie)
Vous trouverez plus d’informations et de nombreuses photos dans l’article préparation des bacs de plantation.
Comment et combien arroser ?
N’utilisez pas d’arrosoir ni de tuyau d’eau pour arroser vos bacs. L’arrivée d’eau sera trop puissante et pourra déloger les graines en cours de germination. Les graines ont besoin d’une grande stabilité. Si elles sont délogées juste après avoir germé, elles n’auront pas la force de réorienter leur radicelle dans la nouvelle position. Notez qu’une pluie trop forte peut avoir le même effet néfaste.
Pour faire germer les graines en petite quantité (quelques godets, un ou deux bacs), un vaporisateur ménager est suffisant. Si, comme moi, vous voulez faire germer les graines en plus grande quantité, un pulvérisateur professionel à bretelles (porté sur le dos) sera beaucoup plus pratique.
J’utilise personnellement un pulvérisateur Berthoud de 18 litres, modèle Cosmos 18 Pro. Berthoud est une excellente marque. Leur matériel est coûteux mais très durable, et pour moi en vaut largement l’investissement au long terme. Achetez une taille appropriée à votre dos (18 litres d’eau = 18 kilos sur le dos lorsque plein).
Vous pouvez aussi adopter la solution suivante, qui est moins portable mais aussi moins coûteuse : achetez une tête ou un pistolet d’arrosage se fixant en bout de tuyau avec une position brumisateur. Vous en trouverez facilement en jardinerie ou dans les magasins de bricolage.
Vaporisez lorsque la surface du bac est presque sèche, mais pas complètement. Je vaporise parfois une fois par jour, voire deux fois dans ma serre pendant les journées les plus chaudes du printemps. Lorsque le temps est plus frais par contre, plusieurs jours peuvent s’écouler avant le prochain arrosage. C’est à vous de voir la fréquence d’arrosage appropriée à votre environnement.
Si la graine a été réveillée par l’humidité puis vous laissez la graine sécher complètement, la germination peut être stoppée à jamais. Mais notez aussi que garder un terreau trop humide est souvent encore plus problématique dû au développement de champignons et moisissures entraînant la fonte des semis.
Vérifiez l’état d’humidité de vos graines tous les jours.
Comment semer pour optimiser le résultat ?
Vous voila prêt à semer. Vous avez sélectionné le contenant, le bon endroit pour vos bacs, vous avez préparé votre mélange de terreau et vous vous êtes procuré un vaporisateur.
Les deux règles de base pour semer les graines sont les suivantes :
- Plantez les graines juste en dessous de la surface du sol. Pas besoin de les enterrer beaucoup, sauf si les graines sont très grosses (la taille d’un haricot en grain par exemple, ce qui est très rare pour les plantes médicinales).
Pour accomplir ceci, remplissez vos godets ou vos bacs et tassez la terre une première fois. Avec vos doigts, brossez ensuite légèrement la surface du bac ou du godet puis déposez vos graines, éventuellement saupoudrez encore un peu de terre par dessus. - Tassez fermement la surface. Cette étape est cruciale. Pour faire germer les graines proprement, il faut les maintenir fermement en place. J’utilise une morceau de planche sur lequel j’ai cloué une petite poignée (imaginez une petite taloche de maçon) pour bien tasser mes bacs, et un verre à fond plat pour tasser mes godets.
Nous avons mentionné plus haut le fait que si la graine est très petite, il vaudra mieux la planter dans des bacs et ne pas essayer d’isoler les petites graines en godets.
Pour bien répartir ces graines minuscules dans les bacs, mélangez les dans un peu de sable tamisé. Préparez une grosse pincée de sable tamisé dans un bol, ajoutez vos graines au sable, mélangez et saupoudrez la surface du bac et tassez bien. Le sable fournit une structure stable ainsi qu’un drainage supplémentaire bénéfique pour faire germer les graines.
En général, il faut de la lumière directe pour faire germer les petites graines de ce type (voir la deuxième partie de cet article pour plus d’informations à ce sujet). Donc pas besoin de griffer la surface du bac avant de planter. Tassez une première fois le terreau avant de semer, saupoudrez votre mélange, puis tassez une 2ème fois.
Etiquetez vos bacs et godets avec la date de plantation et le nom de la plante.
Faut-il faire tremper les graines avant de les semer ?
Certains recommandent de faire tremper les graines la nuit précédente avant de les semer. Je ne le recommande pas pour la majorité des graines. La plupart des graines de plantes médicinales s’imprègnent très facilement d’eau, et s’imbiberont dès le premier arrosage sans trempage préalable.
Faire tremper ces graines qui s’imbibent facilement peut faciliter l’arrivée de moisissures ou champignons. De plus, si les graines sont relativement petites, elles formeront une masse gluante qu’il sera dur de séparer pour le semis.
Les exceptions à cette règle :
- Les graines relativement grosses des plantes tropicales ou aquatiques ;
- Les graines de la famille des légumineuses (réglisse, indigo, astragale de Chine, etc). Nous en reparlerons dans la 2ème partie de l’article.
Faire germer les graines avant de semer : méthodes avancées
Maintenant que nous avons abordé la méthode simple pour faire germer la plupart des graines, intéressons-nous aux méthodes avancées. Ces méthodes sont nécessaires pour certaines vivaces qui ont l’habitude de germer sur plusieurs cycles et plusieurs années. Dans cette deuxième partie de cet article, nous mettons à votre disposition la « technique » que vous devez connaître pour assurer la « levée » de certaines graines dont la germination ne se fait que sous conditions particulières. Par ces méthodes, nous imitons ce que la nature fait naturellement, pourrait-on dire !
Pour continuer vers la deuxième partie de cet article, cliquez sur le lien ci-dessous.
Faire germer les graines : méthodes avancées.